Qu’est-ce qu’un dualiste ?

30 Nov 2009 par

La doctrine dualiste est parfaitement consciente des faiblesses humaines et ne veut pas être donneuse de leçons. Elle conseille simplement de vivre au ralenti, si possible. Faut-il s’étourdir et ne pas regarder les choses en face ? Se distraire à n’importe quel prix est-il la solution pour échapper aux problèmes et aux vicissitudes de l’existence ? Il faut prendre le temps de se regarder, de faire le point, de s’orienter et donc, adopter une situation de repli sur soi, plus propice à la réflexion et à la méditation. L’hyperactivité cache souvent un effroi de se retrouver seul en face des difficultés à résoudre.
« Deviens ce que tu es, tout en le comprenant » a dit le poète Pindare. L’homme n’est jamais que ce qu’il se fait, suivant Sartre, mais encore faut-il se donner des paliers de décompression, pour évaluer les meilleurs moyens de se réaliser. « La lenteur est de Dieu et la hâte de Satan » d’après un proverbe arabe.

La principale règle de vie, pour le dualisme, est le détachement dans la sérénité. Pourquoi faut-il s’accrocher aux choses pour finalement, les perdre. Il vaut mieux se séparer de liens qui peuvent nous mener au malheur. Il faut lâcher prise, sans pour autant se laisser aller. Le renoncement aux plaisirs d’ici-bas n’est pas une résignation. Rien n’a de valeur en soi et toutes choses sont relatives entre elles. Nous ne percevons que leurs rapports et les liens qu’elles entretiennent ensemble. Nous ne donnons de valeur à la vie que parce que nous en faisons partie. On ne peut y renoncer totalement et il faut conserver une petite flamme jusqu’à ce qu’elle s’éteigne d’elle-même, emportée par le courant expansionniste. On remonte constamment le rocher de Sisyphe, d’autant plus facilement que nous sommes éloignés du sommet. L’ensemble des hommes est bouffi d’orgueil et de prétention. La position centriste du dualisme nous ramène à la modestie et à l’humilité. Dans la boîte de Pandore contenant tous les maux qui se répandent sur notre planète, il reste l’espérance. Il faut la conserver, coûte que coûte, c’est notre unique moteur pouvant permettre que l’humanité ne disparaisse comme elle est apparue, engloutie sans qu’il y ait le plus léger frissonnement et dans la plus totale indifférence du monde. Nous transformons la Terre et l’espace qui l’entoure en dépôt de nos ordures qui sont la traduction de notre inconséquence à vouloir à tout prix aller vers un mieux-être. Nous voulons cependant maintenir notre espérance de durer, mais il faut avoir la sagesse dualiste qui affirme que notre soif inextinguible du meilleur ne peut se faire sans de fâcheuses conséquences pour notre survie. Cette sagesse peut parfaitement servir à lutter contre les désastres écologiques dont nous commençons à avoir conscience. En effet, elle prône la réduction d’activité, donc la diminution de la dépense d’énergie et par conséquent une émission réduite de déchets. La doctrine dualiste se trouve être le meilleur remède à la pollution et pour éviter de s’autodétruire.

La nature offre elle-même ce qu’il faut pour bénéficier de sources d’énergie non polluantes. L’énergie solaire est en fait une catastrophe écologique avec une énorme dilapidation dans l’espace. Nous n’y pouvons rien, mais les conséquences ne se feront sentir que dans des centaines de millions d’années. Entre-temps il faut utiliser au mieux cette énergie qui est la source de toute vie. Etant aussi productrice de déchets, il faut le faire avec parcimonie. En faisant cela, nous ne faisons que suivre la règle de l’univers expansionniste qui est de diluer et d’étaler toute l’énergie qu’il contient, donc de réduire son efficacité et de s’économiser.

Le comportement dualiste est notre seule perspective valable si l’on veut surseoir à notre disparition. Il faut la répandre et l’enseigner sans toutefois que cela puisse nous nuire.
Le dualisme n’est jamais franchement optimiste, mais rejette, aussi bien, un excès de pessimisme. Il se situe au « juste milieu » cher à Aristote, traduit en anglais par « happy medium ». La béatitude, bonheur suprême et idéal, ne peut être atteinte qu’au milieu, à l’entre-deux des opposés. Il faut osciller autour d’un point neutre central et sans vie. Le bouddhisme enseigne que la souffrance ne peut être atténuée que par la réduction du désir, mais il ne faut pas aller jusqu’à l’extinction (nirvâna) de la petite flamme qui nous anime.

La vie est un phénomène unique et exceptionnel pour chacun d’entre nous. Jamais sans doute elle ne se reproduira parfaitement à l’identique. Elle n’est apparue sur la Terre qu’à la suite d’un concours inouï de circonstances, frisant l’impossible. Et pourtant, elle est « là », se diversifiant constamment. Est-ce un cadeau qui nous est fait par une puissance tutélaire ? On peut en douter. Mais le fait que chaque instant de notre vie ne peut être imité et reproduit doit cependant nous alerter. C’est du même ordre que de voir les molécules d’un gaz se réfugier dans un coin de récipient. Pour quelle raison tout ce qui se déroule est-il du domaine de la quasi-impossibilité ? Cela peut s’expliquer peut-être, par l’énorme quantité d’évènements concourant à l’unicité de l’instant. Les évènements présents modifient l’assemblage des autres évènements. L’univers étant censé conserver le même potentiel, il y a un énorme brassage intérieur duquel il ressort l’exception qui, en rentrant dans le rang, remodèle l’ensemble. C’est une perpétuelle et gigantesque auto organisation d’où surgit l’instant privilégié. C’est l’introduction de l’espace-temps qui, par son décalage, empêche que la totalité des évènements soit nulle et perturbe le fléau du parfait équilibre. La balance de l’univers soupèse constamment le positif et le négatif apportés par les contraires. Mais l’espace-temps freine la fusion des contraires et fait ainsi osciller le fléau à la recherche d’un équilibre qui, s’il était atteint, signifierait le sans-vie, le néant. Ce sont ces perpétuelles oscillations autour du point zéro qui sont la vie, le monde, l’éternelle mouvance des choses. L’être vient du refus du non-être de l’abriter malgré son attirance vers le repos.

C’est ainsi que le monde oscille constamment autour d’un inaccessible point d’équilibre, dans un éternel balancement en marchant vers l’inéluctable destin d’une mort thermique annoncée mais avec cependant l’espoir lointain de l’éternel retour par inversion. Ni plus, ni moins.
Le dualisme laisse intactes les valeurs de croyance et d’espérance qui, seules, permettent à l’homme de persévérer d’exister.

« Voulais-je chanter l’amour, cela m’entraînait à la douleur ;
voulais-je chanter la douleur, cela me menait à l’amour ».
Franz Schubert
(1822 – année de la composition
de la symphonie inachevée).

 

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