NEHEH & DJET

nenehNEHEH & DJETdjet

 

Voici une petite histoire : un automobiliste qui pense que son clignotant ne fonctionne pas, demande à son passager de le vérifier. Celui-ci se met à l’arrière et dit : ça marche, ça marche pas, ça marche, ça marche pas etc…

Ceci illustre d’une façon humoristique ce qu’est le temps. Nous ne pouvons percevoir que des vibrations c’est-à-dire une alternance de « ça existe, ça n’existe pas ». Dit d’une autre façon, la vibration qui, si elle est seule a la forme d’une sinusoïde, part d’une probabilité nulle d’être pour atteindre un maximum, retomber à zéro qu’elle traverse pour s’inverser et ensuite revenir au départ sans résistance. Cela peut être infini (voir notre article La tactique du Tic-Tac).

Les vibrations se traduisent par un nombre entier car elles ne sont pas sécables. L’énergie, l’information se numérisent de la même façon. On a pu en conclure, comme Pythagore que « tout est nombre ». La superposition des harmoniques à fréquence double donne avec des amplitudes différentes et des décalages de phase, une extraordinaire diversité à partir seulement d’un battement régulier comme celui du pendule.

L’impression que nous avons d’un temps qui s’écoule uniformément est fausse, c’est en fait une succession de battements qui nous paraissent réguliers. Le temps scientifique qui sert de mesure est une succession de changement de niveaux alternés de l’électron de l’atome de Césium 133. C’est la base des horloges atomiques.

Le temps que nous ressentons est donc cyclique. S’il était uniforme et comme on ne perçoit que des différences, on ne pourrait rien noter. Notre temps n’est d’ailleurs qu’une idéalisation. Il caractérise le fait que tout change autour de nous et constitue simplement un repère tout à fait relatif car il n’y a pas de temps absolu auquel on puisse se référer. Les horloges atomiques décrivent c’est-à-dire qu’à partir d’une quantité de vibrations, les mesures vont différer. On pourra prendre une moyenne de ces déviations pour définir le temps passé. Cette moyenne va varier et on n’atteindra ainsi jamais une absoluité parfaite. Il en est de même pour toutes les mesures de grandeurs. Quelle que soit la précision de ces mesures elles produiront toujours une incertitude variable. L’erreur est inévitable. Il n’y a pas de temps indépendant et objectif. Il est collectif et subjectif. Nous vivons dans un monde en perpétuelle agitation, sans repos. Nous ressentons cette mobilité mais on constate un fait : tout ce qu’on peut connaitre peut se mettre en ordre, comme par exemple les mathématiques. Mais ce n’est qu’une propension, une poussée. Il y a aussi une forte tendance au désordre qui cherche à détruire ce qui est organisé. Cette lutte fratricide oscille, l’un l’emporte alternativement sur l’autre. Mais nous sommes dans une période où l’expansion, la dissémination, l’étalement sont plus fortes que ce qui rassemble. Il est possible que cet effet puisse se retourner et que l’effort inverse se produise, c’est-à-dire la primauté de l’ordre sur le désordre. L’état actuel donne un sens irréversible à notre sensation du temps qui s’écoule. Une organisation évolue vers son extinction. C’est un constat qui explique par exemple le vieillissement et la mort. Une superposition d’harmoniques est de l’ordre qui peut se briser par détérioration des amplitudes et des phases ce qui fait que le paquet d’ondes s’effondre. Le temps n’est qu’une illusion créée par le monde qui nous entoure et dont nous sommes partie prenante.

Voyons ce qu’en pensaient les prêtres d’Héliopolis de l’ancienne Egypte. On a une idée de leur savoir par essentiellement les inscriptions funéraires mais il était certainement éblouissant. Leur renommée avait largement dépassé les frontières. Ils avaient entre autres des idées originales sur le temps. Tout était imprégné de la doctrine dualiste. Pour les anciens égyptiens, tout, Dieux, choses, allaient par paire soit complémentaire, soit antithétique. Le dual avait des suffixes particuliers .wf pour le masculin et .ty pour le féminin. Noun était l’océan primordial, le néant d’où pouvait surgir la pierre Benben de forme pyramidale et symbole de la perfection, comme le font les pyramides. Atoum était la lumière et Osiris le dieu des ténèbres. Le cosmos était le lieu du conflit et de la complémentarité des forces positives et négatives. L’univers était ainsi autour de l’équilibre parfait, symbolisé par une balance qui pesait les cœurs avec leurs péchés. La déesse Maat avait la charge de maintenir cet équilibre.

Curieusement on retrouve cette dualité dans leur notion du temps. Pour notre civilisation gréco-latine le temps est linéaire et s’écoule uniformément du passé vers le futur en passant par le furtif présent. Le temps unaire vient des sensations produites par le changement du cours des évènements qui paraissent n’aller que dans un seul sens celui d’une progressive dégradation.

Les égyptiens disposaient de deux concepts antinomiques et complémentaires pour avoir idée du temps qu’ils appelaient Neheh, pour un temps cyclique et Djet pour l’éternité. On a ainsi côte à côte la régularité du Soleil, des saisons, des crues du Nil et autres répétitions du même et l’immuabilité, l’éternité par contraste. Pour eux les cycles étaient aussi éternels. Ceci donne aux deux aspects du temps égyptien une idée de durée infinie. Ceci leur semblait naturel car par la réincarnation, l’égyptien pensait que, par l’intermédiaire de l’amélioration progressive de ses différentes vies, il pouvait espérer se fondre dans la jonction de ces deux temps. La notion de temps occidental s’écoulant indépendant, ne pouvait leur venir à l’esprit. Elle ne leur permettait pas d’envisager l’éternité par l’interprétation des deux formes de temps, l’une dynamique et l’autre statique, réunies dans la possibilité d’atteindre la perfection.

Comme les Chinois, les Egyptiens utilisaient dans leur langue le verbe sans le conjuguer au passé et au futur. Ils s’en tiraient par des paraphrases.

Ceci démontre parfaitement que le temps n’est qu’une illusion abstraite, due au changement perpétuel qui nous entoure. Si tout semble bouger c’est que rien ne bouge. L’éternité est au bout du chemin contraint de la vie

 

 

 

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